Tintin au pays des Rosbiffs

Qui dit séjour à Londres induit inévitablement pluie (en automne), relève de la garde, jeunes femmes en mini jupe quelle que soit la température extérieure, conduite à gauche, pluie (en hiver), bière à toute heure, population bigarrée, black and white stripes à Abbey Road, conducteurs de bus psychopathes, pluie (au printemps), Tower Bridge, cinq équipes de football en Premiership, Trafalgar, Waterloo et pluie (et oui, en été aussi). Mais pas seulement. La capitale anglaise recèle en effet quelques lieux surprenants pour le touriste bédéphile.

La tintinshop par exemple (pronounce teenteen). Située au 34 Floral Street, à deux pas de Covent Garden en plein centre de Londres, la boutique accueille le visiteur par une enseigne dont la police de caractère est reconnaissable entre toutes pour qui a dévoré Destination Moon ou The Secret of the Unicorn. A l'intérieur, bandes dessinées, affiches, peluches, mugs, t-shirts, verres, tasses et bien d'autres produits dérivés n'attendent que quelques pounds pour sauter dans le sac des customers. Un seul point commun dans cette caverne d'Ali Baba : le monde de teenteen. Tintin, Captain Haddock, le professeur Cuthbert Calculus, les détectives Thomson & Thompson ainsi que l'agent d'assurance Jolyon Wagg sont sur leur 31 pour attirer l'attention du chaland. Comment résister alors au doux regard d'un adorable Snowie ?

Et bien si, on peut résister, car venir à Londres pour acheter des BD franco-belges est très certainement le comble du snobisme bédéphile. Intéressons-nous donc plutôt à la production anglo-saxonne, pas si facile que ça à trouver dans les maigres rayons graphic novels des librairies londoniennes. Quelle est ma moisson pour cette année ? Que du vieux. Les tomes 6 et 7 de l'excellentissime Bone de Jeff Smith pour continuer la collection, et les deux premiers tomes de la savoureuse série The Goon de Eric Powell, primée aux derniers Eisner Awards. Le choix fut restreint et cornélien, mais il faut parfois savoir se maîtriser si on ne veut pas rentrer en France dans les soutes de l'Eurostar en passager clandestin.